Un peu de Toscane à Nyon

octobre 2011 / Un peu de Toscane à Nyon

Trompe-l’œil dans une salle d'attente

La doctoresse A. Müller à Nyon souhaitait embellir la salle d'attente de son cabinet et offrir un trompe-l’œil à ses patients. Le mur choisi pour recevoir la peinture était idéalement placé avec une belle lumière naturelle venant de la droite et des dimensions parfaites, ni trop grandes ni trop petites.

Le défi résidait principalement dans le peu de recul pour le futur public qui allait être assis à moins de 2 mètres du paysage. Cette proximité exige, d'une part, une grande précision dans l'exécution et, d'autre part, de créer une image qui soit assez complexe pour que le regard ai tout de suite envie d'entrer dans le détail.

Lola Sacier, à qui s'était adressé la doctoresse, m'a contacté pour réaliser ensemble ce mandat assez technique. Laura Cuénoud a complété l'équipe de choc! L'envie et les références étaient assez claires pour la cliente et c'est sur la base de ce petit croquis griffonné en rendez-vous que nous sommes partis. Nous rêvions d'un paysage toscan et j'ai trouvé sur internet une photo qui m'évoquait aussi (un peu) les paysages de la Côte. Nous l'avons utilisé comme base de travail.

Première esquisse

Première esquisse

Projet final

Projet final

Voici le projet finalisé, réalisé à la tablette graphique sur Photoshop, qui nous a servi de guide durant toute la réalisation. La doctoresse a réorganisé son cabinet pour nous libérer la salle d'attente durant le mois de travail estimé. Nous avions quelques inquiétudes concernant le mur, en particulier un vilaine fissure qui menaçait de travailler encore. Nous avons donc entoilé le support afin de le lisser et de permettre à la maçonnerie de bouger encore un peu sans que cela ne transparaisse sur le trompe-l’œil.

Le mur encore tout blanc

Le mur encore tout blanc

De la toile à fromage

De la toile à fromage

Le mur sécurisé, il était temps d'attaquer le travail. La première étape consiste, vous l'aurez imaginé, à reproduire le dessin. Traditionnellement, cela se fait "au carré" mais, ici, un projecteur nous a permis de gagner un temps précieux. L'architecture du bas qui ne présentait pas de difficultés majeures a été construite de manière classique avec un fil pour simuler le point de fuite.

Un trompe-l’œil se construit en partant de l'arrière plan. La perspective atmosphérique fait disparaître les détails au lointain et nous paraît plus claire et moins contrastée en raison de la brume et la poussière qui nous en sépare. Pour simuler cette impression, on recouvre d'un glacis bleuté les différents plans au fur et à mesure qu'on se rapproche du premier plan. Comparativement au reste du travail, les arrières plans sont rapides et absolument jouissifs à peindre!

C'est parti!

C'est parti!

fin du quatrième jour

fin du quatrième jour

A la fin de la première semaine de chantier, le paysage était totalement esquissé. Cela nous permet de vérifier en vrai que l'ensemble fonctionne bien en termes de sensation de perspective. Nous avons aussi commencé à repasser au bleu de Prusse les canisse du premier plan. On devinait encore les traits de crayon sous les premières couches de peinture mais les étapes à venir risquaient de nous faire perdre ce précieux travail. Les techniques de peintures qui m'ont été enseignées par mon maître, S. Ipser, sont assez déroutantes à priori mais logiques si on y pense.

C'est la lumière qui nous révèle le monde. Comme un pinceau, les rayons en dessinent les contours et les mettent en relief. Il faut d'abord travailler l'ombre, ne jamais avoir peur d'être trop foncé, surtout lorsqu'on s'approche des premiers plans. J'ai dit que c'était déroutant parce que jusqu'à un certain moment, le paysage nous semble comme mort, lunaire et sans vie. C'est assez frustrant mais bâcler cette étape provoque des peintures plates, sans reliefs. Il y a plein de choses qui se passent dans l'ombre!

Laura et moi au travail

Laura et moi au travail

Avec les détails

Avec les détails

Et puis, petit à petit, on vient poser la lumière! Sur les façades, sur les feuillages, sur chaque caillou des chemins. En cherchant la structure particulière de chaque surface. Moment magique mais travail de moine. La tentation est parfois forte d'aller trop loin et de trop éclaircir. Il faut parfois renoncer après deux ou trois coups de pinceau seulement. Mais petit à petit, le paysage apparaît. Pendant ce temps, je pouvais m'émerveiller de voir Lola avancer sur la maçonnerie en trompe-l’œil.

C'est pour moi la meilleure peintre décoratrice dans le domaine des matières avec qui j'ai eu le plaisir de collaborer. Je vous redonne ici le lien vers son site, c'est magique!

Lola sur les feuillages de premier plan

Lola sur les feuillages de premier plan

Finalement, après près de trois semaine de travail, voila le résultat final:

Le résultat final

Le résultat final

Toutes les images du projet